C'est un age de rupture dans lequel nous entrons ; c'est un age qui marquera la derniere et la plus importante evolution de l'etre humain : c'est un age qui se détruira nécessairement, et qui devra se reconstruire. De ses cendres, qu'elles soient materielles ou métaphoriques, l'Avenir naîtra. Si nous ne sommes pas ceux qui accoucherons celui-ci, le monde sera maudit et condamne ; j'ose le dire, nous sommes le dernier espoir pour les hommes de notre eon. Cela semble être une trop grande responsabilité, un devoir surhumain trop douloureux pour que l'individu le poursuive et que le collectif s'en amourache ; mais que voulez-vous d'autre ? Vous souhaitez abandonner ? Laisser le capital et ses chiens pourrir la vie même, detruire tout ce qui existe, annihiler le bonheur, ecraser les hommes ? Il ne nous promet rien d'autre. Il a d'ailleurs la vertu d'être honnete : tout marxiste avec un minimum d'education sait à quel point il est facile de connaitre le Vrai du capitalisme et son futur affreux, seulement pour le connaitre il faut d'abord renier le capitalisme. C'est la sa plus grande puissance : il est si universel que chacun des objets qui interagit avec votre conscience est capitaliste, et donc, que renier le capitalisme, c'est devoir renier le monde entier. Il est bien plus facile d'accepter ce qu'il nous donne, de manger sa patee hypnotique, que de se separer de tout ce qui pour nous a toujours été le Vrai. (D'ou l'importance de la propagande.)
Notre epoque, donc, est celle qui basculera soit dans le socialisme, soit dans la barbarie. Il ne s'agit pas là de l'alarmisme paranoiaque schizophrene ou de l'apocalyptisme religieux qu'on nous reproche parfois, mais de la conclusion logique à l'analyse, non seulement materialiste et dialectique, de notre époque, mais de l'analyse scientifique, physique, sociale, economique, philosophique, psychologique – oserai-je jusqu'a ecrire mystique ? Les contradictions se sont intensifiees, elles s'intensifient, elles s'intensifieront, et bientôt cette tension dans la grande toile de la fourmiliere terrestre atteindra sa limite et explosera sur elle-meme. Il ne fait que peu de doute que cette rupture sera d'abord soudaine, puis semblera lente ; il est plus certain encore qu'elle sera sanglante. Les soldats du proletariat mourront au combat par millions, bien sûr, mais aussi bien le reste du monde se fera ecorcher lentement par la bourgeoisie et ses chiens, la douleur et la famine se repandront sur la terre, la guerre partout rugira à chaque instant, et la fin sera proche – deja la fin est proche.
Nous sauverons le monde. Il n'y a pas la de question, parce que nous ne pourrons faire autrement ; or ce sera difficile, plus difficile que tout ce que nous pouvons imaginer. L'individu du jour d'hui est plus aliene que jamais et nous ne semblons pas être arrives au bas de cette chute ; l'oppression et la repression de la bourgeoisie deviennent de plus en plus violentes et sanguinaires, et leur impunite ne fait qu'augmenter ; les masses sont de plus en plus abruties par sa manipulation qui est devenue constante ; je pourrais sans nul doute continuer sur de nombreuses pages. Mais encore une fois, il ne faut pas perdre espoir ; nous le ferons. Bientôt l'ancien monde va mourir, les vieux bourgeois et les vieux proletaires vont laisser place à des jeunes bourgeois et des jeunes proletaires, qui seront – et sont deja – dans une lutte plus grande que jamais auparavant l'histoire n'a connue.
Dans le monde, le socialisme avance ; c'est dans les pays qui ont jusqu'aujourd'hui le moins été contamines par le cancer qu'est le capitalisme que la reevolution semble être la plus realisable. L'Amerique latine, l'Afrique, l'Inde, les Phillipines et tant d'autres ; le Sud Global est le bastion du communisme dans notre societe moderne. Nous devons nous fier à eux, apprendre de leurs combats, les soutenir dans leur révolte – accordons ensemble une pensée à nos camarades qui luttent et qui tombent. Libertad ! – Cela n'empêche pas que notre revolte occidentale soit elle aussi grande et importante. Nous sommes braves, chacun autant que nous le pouvons, nous oeuvrons pour l'avenement de la revolution – parce qu'y croire en est deja une part importante. Le jour ou elle arrivera, que le monde entier sera prêt pour Elle, parce qu'il aura ete décimé par le capital, nous saurons combattre le Mal ultime, oui, nous combattrons, nous tuerons, et nous mourrons. Nous mourrons avec joie, avec honneur, avec dignite, avec fierte, mais surtout, avec le Bien à nos cotes.
Pendant notre agonisante attente, nous souffrons et nous souffrirons – comme le proletaire a toujours souffert. A contre-coeur, dans le monde des idees et dans celui des actes, nous devrons nous battre contre ceux des notres qui se sont égarés. Rappelez-vous bien : nous agissons et nous agirons pour le Souverain bien, pour sauver tous les hommes ; mais tous ceux qui nous eloignent de ce but doivent et devront être ecartes, sans quoi nous echouerons, et nous savons désormais que nous ne pouvons pas echouer. Certes, les temps seront durs et le present sera sombre pour nous tous. Mais c'est ce malheur et cette douleur qui nous libereront de nos chaines. Tant que l'oppression existera, elle engendrera la revolte. La revolte universelle peu à peu grandira, evoluera, se renforcera, alors enfin la revolution adviendra. Nous combattrons sans peur, sans honte, sans malheur, car nous sauverons tous les etres vivants. Nous combattrons la tyrannie, l'oppression, l'injustice, en bref, le malheur, ce pourquoi nous serons heureux.
Alors oeuvrez a la revolution des aujourd'hui. Travaillez pour sauver les hommes, revoltez vous, a toute échelle que vous pouvez. Par cela vous serez heureux, et vous rendrez tous les hommes heureux, et si vous croyez en dieu vous rendrez votre dieu heureux. Si vous croyez en Dieu, c'est assurement la necessite logique pour le satisfaire. Si vous ne croyez pas en Dieu, c'est pour les hommes que vous vous revoltez – c'est donc pour vous meme, car vous n'êtes pas qu'un homme, vous êtes l'essence de tous les hommes. Vous etes le sujet de l'intégrale, l'immémoriale souffrance humaine. Vous devez y mettre fin.